Mon projet de stage

Le conseil de coopération

PARTIE A – PROJET DE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL ET PROFESSIONNEL

Présentation générale du projet

1. Introduction

En tant que nouvelle enseignante titulaire de mes élèves, ma priorité numéro un est de m’assurer qu’un climat propice à leur apprentissage et à leur épanouissement règne dans ma classe. Pour ce faire, établir des liens significatifs et de confiance avec chacun de mes élèves est essentiel. Je favorise également la gestion de classe participative et j’aime impliquer les élèves dans les décisions concernant notre quotidien à l’école. Je trouve également très important que les élèves bénéficient d’un espace où ils peuvent s’exprimer sur divers sujets concernant la vie de classe.

 

2. Description du milieu de stage

La transition d’un professeur à un autre en milieu d’année scolaire entraine inévitablement de nombreux changements dans le fonctionnement de la classe, par exemple en ce qui a trait aux différentes routines quotidiennes, aux règles en place ou encore aux types d’activités effectuées. Bien que les élèves réagissent plutôt bien à ces changements, il arrive souvent qu’ils veuillent me faire part de leurs suggestions ou m’expliquer comment ils fonctionnaient avant mon arrivée. Aussi, mes élèves ont la fâcheuse habitude de se dénoncer les uns les autres pour de simples manquements aux règles de la classe (ex. : dessiner ou lire un livre quand ce n’est pas le temps, jouer avec un petit objet, etc.) durant les activités d’apprentissage, ce qui nuit, finalement, au bon déroulement des activités plutôt que d’y contribuer. Enfin, plusieurs petits conflits entre certains élèves ressurgissent continuellement.   

 

3. Choix du projet de développement personnel et professionnel

Pour ces raisons, j’ai choisi de mettre en place un conseil de coopération dans ma classe. Le conseil de coopération découle du modèle d’enseignement de la pédagogie ouverte, laquelle s’appuie sur « l’autonomie, l’interdépendance, la responsabilisation, la démocratie » et « la participation » (Tableaux synthèse des modèles d’enseignement, DDM4600 – Métacours, Moodle). Il s’agit de valeurs qui me tiennent à cœur en tant qu’enseignante et sur lesquelles je mise avec mes élèves. L’instauration du conseil de coopération a comme objectif, notamment, d’apprendre aux élèves à encourager les comportements adéquats de leurs camarades en les remerciant ou en les félicitant, au moyen des billets « Je remercie » et « Je félicite », plutôt que de dénoncer les comportements moins désirables. Aussi, dans le cadre du conseil de coopération, les élèves auront la possibilité de faire part de leurs suggestions en employant les billets « Je propose » et nous pourrons en discuter ensuite, lors du conseil de classe. Finalement, les élèves pourront exprimer leurs petites joies, leurs inquiétudes ou encore leurs frustrations en employant les billets « Je veux parler de ». Pour formuler le texte de ces petits billets, les élèves savent qu’ils ne peuvent pas mentionner de noms ni employer des pronoms comme il ou elle. Ils doivent donc parler de comportements qu’ils apprécient ou n’apprécient pas, plutôt que de cibler une personne en particulier. Ceci devrait donc les amener à prendre l’habitude d’expliquer clairement à leurs camarades les comportements qu’ils n’apprécient pas et contribuer à réduire les tensions entre certains élèves de la classe.

 

4. Sources théoriques

Les sources suivantes m’ont aidée à mettre en place un conseil de coopération dans ma classe et me seront utiles pour animer les séances de conseil de classe à venir. Danielle Jasmin est une véritable référence dans ce domaine et, bien que son ouvrage date de 1994, il est vraiment bien conçu et est toujours d’actualité.

 

Coordination française pour la Décennie. (s. d.). Le conseil de coopération. Récupéré de http://www.entendons-nous.fr/images/conscoop.pdf

 

Jasmin, D. (1994). Le conseil de coopération. Montréal : Chenelière McGraw-Hill.

 

Jasmin, D. (1999). Précisions sur le conseil de coopération. Vivre le primaire, 13(1). Récupéré de http://www.entendons-nous.fr/images/jasmincc_ajout.pdf

PARTIE B – PROJET DE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL ET PROFESSIONNEL

Grilles des moyens retenus et activités

Moyens retenus et activités

 

Explications

 

Différenciation pédagogique 

Semaine du 5 au 9 février 2018

Introduction du conseil de coopération dans la classe

J’ai présenté aux élèves les quatre types de billets à remplir (« Je félicite », « Je remercie », « Je veux parler de » et « Je propose »), en vue du conseil de coopération du vendredi, ainsi que les différentes boîtes dans lesquelles ils doivent déposer ces billets. J’ai aussi expliqué aux élèves comment remplir ces billets correctement (ex. : ne pas écrire le nom d’autres élèves lorsqu’on veut parler d’un événement ou d’un comportement qui nous a déplu, toujours signer les billets que l’on dépose dans les boîtes, etc.).  Les élèves peuvent maintenant écrire ces billets à divers moments, au quotidien.

Les élèves peuvent remplir les billets du conseil à divers moments (ex. : durant la période de 10 minutes de lecture du matin, durant la période de 10 minutes de lecture au retour du dîner, lorsqu’ils ont terminé le travail demandé, etc.). Ils ont donc tous la possibilité de participer au conseil de coopération s’ils le désirent. Les élèves ne sont pas évalués sur ce qu’ils écrivent sur les billets ; ils peuvent donc tous écrire librement sur les billets, sans crainte de faire des erreurs. Les élèves qui ont besoin de plus de soutien en écriture peuvent aussi me demander un coup de main pour parvenir à écrire le message qu’ils désirent transmettre à la classe.

Vendredi 16 février 2018

1er conseil de coopération de la classe

 

Nous avons procédé à notre tout premier conseil de coopération. J’ai d’abord lu et expliqué les règlements du conseil aux élèves.

Ceux-ci sont les suivants :

1.     « Le conseil de coopération, c’est un lieu où l’on parle aux autres. Ce n’est pas un lieu où l’on parle des autres.

2.     Le conseil de coopération, c’est un temps de parole et d’échange collectif. Ce n’est pas un temps où je règle mes comptes.

3.     Le conseil de coopération, c’est réfléchir ensemble : comment améliorer la vie de la classe ? Ce n’est pas m’imposer et oublier de consulter les autres.

4.     Le conseil de coopération, c’est un lieu où je parle de mes sentiments. Ce n’est pas un lieu où j’accuse. » (Haute École Libre de Louvain-en-Hainaut - Partager des pratiques en formation initiale, s. d.).

 

J’ai aussi expliqué aux élèves que les comportements dérangeurs (ex. : ne pas respecter le tour de parole de chacun, ne pas rester convenablement assis sur sa chaise, accuser directement un autre élève, etc.) seraient pris en notes et qu’après 3 avertissements de comporte-ments dérangeurs pour un même élève, celui-ci perdrait son droit de parole et de vote pour tout le reste de la durée du conseil.

Nous avons ensuite signé, chacun notre tour, l’affiche des règlements du conseil avec un crayon doré, afin d’officialiser le fait que l’on comprend et que l’on accepte de se plier aux règlements du conseil. Le conseil a ensuite pu débuter et suivre son déroulement habituel (1. « Je félicite » et « Je remercie », 2. « Je veux parler de » et 3. « Je propose »).

Fermeture du conseil

Durant les conseils, quelques élèves ont un peu plus de difficulté à rester bien assis sur leur chaise pendant toute la durée du conseil. Ceux-ci peuvent donc me faire un petit signe et aller se dégourdir un peu les jambes en faisant un aller-retour dans le corridor en marchant, ce qui leur permet ensuite de réintégrer le conseil en étant plus disposés à bien écouter leurs pairs et participer comme il le faut. Aussi, certains élèves moins en mesure de répondre aux attentes en ce qui a trait au comportement doivent s’asseoir à proximité de moi, afin de prévenir d’éventuels comportements dérangeurs.

Vendredi 2 mars 2018

2e conseil de coopération de la classe

Ouverture du conseil

Déroulement habituel

Fermeture du conseil

Note : Conseil écourté, car le comportement de plusieurs élèves ne répondait pas aux attentes.

Vendredi  16 mars 2018

3e conseil de coopération de la classe

Ouverture du conseil

Déroulement habituel

Fermeture du conseil

Note : Étant donné que, la semaine précédente, le conseil avait dû être écourté en raison de nombreux comportements dérangeurs, plutôt que de placer les chaises de façon à former un grand cercle, les élèves étaient assis chacun à leur place durant le conseil de coopération. Le conseil et les échanges se sont très bien déroulés.

À venir :

Conseil de coopération tous les vendredis matins à la suite du contrôle de la semaine (sauf exception).

Rédaction de billets par les élèves au quotidien.

 

 

Références

Haute École Libre de Louvain-en-Hainaut - Partager des pratiques en formation initiale. (s. d.). Le conseil de coopération un outil pour organiser la vie de la classe et gérer les relations. Récupéré de http://www.partagerdespratiques.be/helha/resources/Le_conseil_de_cooperation.pdf

PARTIE C – PROJET DE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL ET PROFESSIONNEL

Retour réflexif sur le projet

En chiffres, à ce jour, le conseil de coopération de ma classe c’est 7 réunions tenues le vendredi et 154 billets composés par les élèves en 8 semaines, soit 50 billets « Je félicite », 39 billets « Je remercie », 27 billets « Je veux parler de » et 38 billets « Je propose ».

 

Au-delà des chiffres, je crois pouvoir affirmer que le conseil de coopération que j’ai instauré dans ma classe est un succès en ce qui a trait à la qualité de la participation de mes élèves et aux impacts du projet. Dès le départ, ceux-ci se sont montrés enthousiastes à l’idée de mettre en place un conseil de coopération dans la classe et, chaque semaine, la participation à la création de billets en vue du conseil de la semaine était grandissante. Ce qui me permet d’affirmer que mon projet de stage est une réussite, c’est principalement l’impact positif que le conseil de coopération a eu sur les relations entre les élèves et sur la manière qu’ils ont dorénavant de souligner les bons coups de chacun et de se remercier les uns les autres, tandis qu’à mon arrivée dans ma classe, il y avait de nombreux petits policiers, toujours sur le qui-vive et prêts à dénoncer un de leurs pairs dans le cas où l’un d’eux ne répondrait pas aux attentes, aux exigences ou aux règles de la classe. En effet, plus de la moitié des billets rédigés par les élèves dans le cadre du conseil de coopération visent à remercier ou féliciter leurs camarades de classe. C’est pourquoi il s’agit, selon moi, de ma plus grande réussite.

 

Le conseil de coopération m’a également permis d’enseigner aux élèves comment rédiger des « messages clairs », c’est-à-dire des messages dans lesquels ils doivent tout d’abord décrire une action ou un comportement qui leur plait ou leur déplait, ensuite « exprimer en mots l’émotion, le sentiment » qu’ils ressentent face à cette action ou ce comportement et enfin, s’assurer de la compréhension de ce message par les autres (Jasmin, D., p. 67). Apprendre à rédiger des messages clairs a permis aux élèves d’exprimer librement comment ils se sentent sans accuser les autres directement, puisque les élèves savent qu’ils ne peuvent pas nommer le nom d’un autre élève dans les billets « Je veux parler de », mais plutôt identifier des comportements qu’ils apprécient ou qui les dérangent. Un autre aspect positif du conseil de coopération est qu’il a permis à certains élèves généralement moins volubiles ou plus timides en classe de prendre davantage leur place et de s’exprimer en groupe. Un autre point intéressant est que le conseil a permis aux élèves d’identifier eux-mêmes des problématiques liées à la vie de la classe. Par exemple, cela leur a permis de prendre conscience de toute l’importance du respect du tour de parole de chacun et de la consigne du silence en classe. En effet, il s’agit d’une problématique qui continue de revenir chaque semaine à l’ordre du jour du conseil et à laquelle nous tentons, tous ensemble, de trouver des solutions afin de susciter une amélioration.

 

Le projet du conseil de coopération a aussi donné naissance à plusieurs projets ou idées dans notre classe. Par exemple, le conseil de coopération a permis à notre coin lecture et notre coin de l’écrivain de voir le jour. C’est également durant le conseil que nous avons décidé des thématiques pour les présentations orales à venir. C’est aussi durant les conseils de coopération que nous avons pu établir une liste de privilèges possibles dont les élèves peuvent bénéficier en échange de « Billet Bravo! », remis dans le cadre du système d’émulation de l’école. C’est encore durant le conseil que nous avons choisi ensemble comment devait se dérouler l’arrivée des élèves le matin ainsi qu’au retour du diner. Bref, les impacts de ce projet sur les élèves et leurs apprentissages sont nombreux puisque celui-ci leur a permis, entre autres, d’apprendre « à parler en groupe », « à écouter », « à s’exprimer clairement », « à donner une opinion », « à mieux se connaitre », « à coopérer », « à prendre des décisions et à les assumer », « à résoudre des problèmes », « à participer à des réunions selon les règles de la démocratie », « à planifier, à réaliser et à évaluer des projets » en plus de développer « leur estime de soi », « le sens des responsabilités » et « leur participation » à la vie de la classe (Jasmin, D., p. 56 et 57).

 

Pour ma part, ce projet m’a convaincue des bienfaits d’un conseil de coopération en classe. Il s’agissait d’un projet que j’avais envie de mettre en place un jour dans ma classe, mais que je n’avais pas encore eu la chance de vivre avec des élèves en milieu scolaire. L’implantation et le déroulement des différents conseils n’a pas toujours été sans embuches. Encore aujourd’hui, le climat de classe ne me permet pas toujours d’aborder tous les points à l’ordre du jour avec les élèves et je dois parfois reporter certains points à la réunion de la semaine suivante. Par contre, je demeure convaincue de l’utilité et de l’impact positif du conseil de coopération. Une bonne préparation est cependant, à mon avis, réellement nécessaire avant de se lancer dans ce type de projet avec nos élèves. Par exemple, lorsque le conseil de coopération entraine certaines difficultés en classe, je tâche toujours de me rappeler la recommandation suivante, que j’avais lue alors que j’étais en train d’en planifier la mise en place : « Pour instaurer un conseil de coopération, il est très important d’être, en tant qu’enseignant(e), intimement convaincu de son efficacité et de son utilité. Les valeurs véhiculées grâce à ce conseil doivent faire partie de nos valeurs profondes en tant qu’enseignant(e). Il faut donc le mettre en place uniquement si cela correspond à notre choix d’approche pédagogique. Dans le cas contraire, celui-ci risque d’être abandonné à la moindre difficulté. » (Haute École Libre de Louvain-en-Hainaut, p. 10).

 

Compte tenu des impacts favorables qu’a eu le conseil de coopération, je compte continuer d’employer cet outil dans ma classe jusqu’à la fin de l’année ainsi que dans mes futures classes, puisque les valeurs qui sous-tendent celui-ci, soit « l’autonomie », « la coopération », « l’égalité », « l’expression », « la justice », « la liberté », « le respect de soi », « le respect des autres », « la responsabilité », « la solidarité » et « la tolérance » me tiennent à cœur, autant en tant que citoyenne qu’en tant qu’enseignante (Jasmin, D., p. 20). À mon avis, un des impacts les plus importants de mon projet de stage est d’avoir permis aux élèves d’avoir un espace bien défini où ils peuvent s’exprimer et partager leurs idées.

 

Enfin, instaurer un conseil de coopération m’a permis de laisser davantage de place aux élèves pour ce qui a trait aux décisions concernant les activités et la vie de la classe et m’a grandement sensibilisée à l’importance et à l’impact positif de mettre les élèves dans le coup aussi souvent que possible.

 

Références

 

Haute École Libre de Louvain-en-Hainaut - Partager des pratiques en formation initiale. (s. d.). Le conseil de coopération - un outil pour organiser la vie de la classe et gérer les relations. Récupéré de http://www.partagerdespratiques.be/helha/resources/Le_conseil_de_cooperation.pdf

 

Jasmin, D. (1994). Le conseil de coopération. Montréal : Chenelière McGraw-Hill.